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LE PAS

 

Pas d'amour dès tout petit, pas d'amour et tant pis,

Que des claques sur les fesses, regards noirs de maîtresse,

Pas d'amour et tu pleures, la famille un malheur,

Dès le début tu stresses et l'avenir tristesse.

 

Pas d'amour dès tout petit, on t'a coupé l'envie,

La beauté de la vie, tu repasseras quand on t'dit,

Pas de bras, d'chocolat, de nougat, d'nutella,

De coca, de fanta, même pas de daubes comme ça.

 

Pas envie d'étudier, d'voir à quoi je vais ressembler,

Je préfère m'amuser, je préfère m'défoncer,

Pas penser à demain mais penser à ses seins,

Et penser aux copains, à la nuit blanche qui vient.

 

Pas penser qu'à ma gueule, et puis toi qui m'engueules,

Pas enfoncer le clou qui fait saigner les gens,

Pas de place pour ma pomme, pas de place pour vieux môme

Pas d'espoirs dans ma tête, de sourires qui me guettent.

 

Pas envie d'avancer, l'envie de travailler,

L'envie de répéter, l'envie de m'enfoncer,

Pas l'envie de trimer comme le pauvre ouvrier,

La proie sur l'échiquier, la carcasse abîmée.

 

Pas de garant, pas de logement,

Pas de logement, pas de travail,

Pas de travail, pas d'argent,

Pas d'argent, pas de logement.

 

Pas envie d'habiter dans des blockhaus fermés

Pendant qu'à côté m'attend la liberté

Entassé et parqué, même avec une télé,

Pas le choix d'habiter, juste de m'enterrer

 

Laisse-moi t'tendre ma pelle agent immobilier,

Monsieur le propriétaire, vous donnerez bien un coup de main !

Pas de terre, pas de toit, regarde-moi l'locataire,

Pas de toits en hiver, de feux dans les chaumières.

 

Pas envie d'étiquettes, envie qu'on me respecte,

Qu'on me parle poliment, même si t'es président,

Ne pas tendre ma joue, ne pas vendre mon âme,

Pas de rêves dans ma tête, d'avenir pour le monde.

 

Et que tout le monde crève, puisque je crève sous vos yeux,

Envie de boire une bière, envie de boire des verres

Et des verres et des verres pour que je tombe à terre

Et pas envie de vivre, d'être conscient de c'que j'suis.

 

De penser à demain, demain, ce sera moins bien,

Et ce corps que je détruis c'est un peu vous aussi

S'il y a à partager, j'ai qu'ça à partager,

Partager un sourire, une phrase, une poignée.

 

Parler à l'étranger, c'est déjà ça de gagné,

Partager son bout de pain, amitié, son terrain,

De la place pour un chien mais pas pour un humain,

De la place pour celui-ci et du vent pour celui-là.

 

Pas d'homme que je respecte, au-dessus de moi qui m'guette,

Qui m'engueule, s'inquiète, et qui m'aime et qui m'aime,

Pas d'avenir pour moi, juste le jour d'aujourd'hui,

Et mon cœur qui bat et mes tempes qui cognent.

 

Pas d'amour, pas d'chaleur, pas d'câlins, pas d'épaule,

Serre moi fort, serre moi fort, et encore, et encore,

Serre moi fort, serre moi fort, et encore, et encore...

 

Titre "Le pas" de "Lucien La Movaiz Graine" extrait de l'EP "Blablabla..."

Auteur, compositeur, Interprète: Julien Malherbe

©Lucien la Movaiz Graine 2010

 

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